Moscou, 14 novembre - M. Georges Galichon, président d'Air France, a signé lundi avec M. Bykov, ministre adjoint de l'aviation civile de l'U.R.S.S., un accord aux termes duquel la compagnie française affrète le nouvel appareil soviétique IL-62 pour l'exploitation de la ligne régulière Paris-Moscou-Paris.
Ce contrat d'affrètement, le premier de ce genre passé entre une compagnie occidentale et le gouvernement soviétique, concerne spécifiquement la saison de pointe, normalement l'été, où le service régulier assuré en commun par Air France et Aéroflot n'est pas en mesure de satisfaire la demande. Aussi bien, sur la ligne d'Air France, c'est à partir de mai 1968 que l'IL-62 effectuera un vol par semaine, puis ultérieurement deux. En bref, pendant la saison de pointe la ligne Air France sur Moscou sera desservie par trois Caravelle, un ou deux Boeing-707 et deux Ilyouchine-62. L'an dernier deux vols de Boeing par semaine s'ajoutaient à ceux assurés par les Caravelle. Il faut rappeler également qu'il y a quelques semaines, en octobre, l'Aéroflot avait mis en service l'IL-62 aux côtés des TU-104.
En fait, c'est en fonction des pré-"ons d'un sensible accroissement trafic qu'Air France se voit obligé d'affréter de nouveaux appareils. Ces prévisions, établies à partir d'une sérieuse étude de marchés, tient compte de nombreux congrès internationaux, symposiums, faires et autres grandes manifestations attirant à Moscou de très nombreux participants. A cela s'ajoute la curiosité qu'inspire toujours l'Union soviétique à une très vaste clientèle. Apparemment la compagnie nationale ne dispose pas de Caravelle et de Boeing supplémentaires pour faire face à la demande saisonnière.
Le marché est en expansion, comme en témoigne l'accroissement du trafic d'Air France, qui a augmenté de 34 % en 1965 par rapport à 1964 et de 22 % en 1966 par rapport à 1965. Une nouvelle augmentation est prévue puisque la fréquence des avions d'Air France sur la ligne de Moscou sera de six par semaine, voire de sept.
Ces prévisions ne sont pas définitives, car il faut tenir compte de divers facteurs, et notamment de l'ouverture d'une nouvelle ligne directe New-York - Moscou, exploitée conjointement par l'Aéroflot et la Pan American, et qui pourrait détourner une part appréciable de la clientèle américaine, qui jusqu'à présent utilisait Air France. L'ouverture de cette ligne serait de nouveau retardée pour des raisons techniques, mais où la politique joue son rôle. Aussi bien n'est-ce pas dans le contexte du resserrement des liens franco-soviétiques que s'inscrit naturellement l'accord d'affrètement des IL-62. M. Bykov a exprimé l'espoir que le nouveau contrat " renforcera la coopération entre les deux grandes compagnies ", tandis que M. Galichon déclarait qu'il avait confiance dans l'exploitation en commun des IL-62. Les appareils affrétés seront dirigés par des pilotes soviétiques, mais le service à bord sera assuré par un équipage mixte franco-soviétique fourni par les deux compagnies. -